L'exercice physique est bénéfique pour la santé, mais entraîne un stress sur le corps, notamment sur le tractus digestif. En effet, beaucoup de sportifs ont ressenti à un moment ou un autre des symptômes gastro-intestinaux reliés à l'exercice. Selon l'intensité de l'activité physique, les troubles intestinaux peuvent nuire aux performances sportives et à la récupération. Toutes les informations de cet article se basent sur une vaste étude publiée en juin 2017 sur la compréhension et la prévention des troubles gastro-intestinaux reliés à l'activité sportive. Comprendre l'origine de ces troubles permet de mieux les prévenir et réduire leurs manifestations. Causes des symptômes gastro-intestinaux reliés à l'exercice Comme le montre la figure ci-dessous, il existe deux causes principales, de nature physiologique, entraînant des symptômes gastro-intestinaux durant l'exercice. Tout d'abord la réduction du flux sanguin intestinal, redistribué plutôt vers les muscles et la circulation périphérique; puis l'augmentation de l'activation du système sympathique qui réduit les fonctions principales du tractus digestif. La combinaison des deux causes entraîne une cascade d'événements pouvant déclencher des symptômes gastro-intestinaux et/ou des complications de santé aiguë ou chronique. Perméabilité intestinale Quand le sang est dérivé des viscères aux muscles, des dommages aux cellules épithéliales qui tapissent le tractus digestif peuvent se produire et entraîner une augmentation de la perméabilité intestinale. Les jonctions du tissu intestinal qui contrôlent l'entrée de molécules et microbes dans la circulation sanguine peuvent alors s'ouvrir. Motilité gastrique L'exercice est également associé à des changements dans la motilité gastro-intestinale, comme le risque d'un ralentissement de la vidange gastrique (écoulement du contenu de l'estomac) probablement à cause de l'activation du système sympathique. Ceci entraîne des symptômes gastro-intestinaux tels que des ballonnements, éructations et régurgitations signalés par les individus qui participent à un exercice intense, et ceux-ci semblent être exacerbés si des aliments et des liquides sont consommés lors de l'exercice. Malabsorption Il existe également des preuves que l'exercice nuit aux mécanismes de transport d'absorption des nutriments, conduisant à une malabsorption. Les mécanismes sous-jacents restent à élucider, la réduction du flux sanguin des tissus intestinaux et les lésions épithéliales restent les hypothèses les plus probables. L'augmentation de l'arrivée de nutriments dans le côlon due à une malabsorption dans l'intestin grêle peut causer une distension abdominale par la production de gaz à partir de la fermentation bactérienne. Ces symptômes semblent être exacerbés lors d'exercices prolongés et d'activités physique intenses. Implications dans les maladies intestinales chroniques On peut supposer que les symptômes gastro-intestinaux causés par l'exercice peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé chez les patients souffrant de maladies gastro-intestinales chroniques, lorsque celles-ci sont associées à une intégrité et à une fonction gastro-intestinale compromises. Cela s'appliquerait surtout aux patients atteints de maladie inflammatoire intestinale comme la rectocolite ulcéreuse et la maladie de Crohn, ou de troubles gastro intestinaux fonctionnels tels que le syndrome de l'intestin irritable et la dyspepsie fonctionnelle. Les effets néfastes de l'exercice d'activité intense, les lésions répétées de l'épithélium intestinal, la malabsorption, les effets sur la motilité intestinale, les réponses inflammatoires locales et systémiques, la perméabilité épithéliale accrue, représentent les préoccupations principales reliées à la pratique de l'exercice physique et la présence de maladies intestinales chroniques. Cependant, l'activité physique modérée serait reliée à une amélioration et une meilleure gestion de la qualité de vie chez ces populations. Des programmes de course ou de marche de trois semaines pendant 10 à 12 semaines ont été bien tolérés sans modification de l'activité de la maladie. De même, une augmentation de l'activité physique a permis d'améliorer la sévérité des symptômes gastro-intestinaux dans une cohorte de personnes atteints du syndrome de l'intestin irritable, par rapport à un groupe témoin avec ce syndrome n'ayant pas reçu d'intervention. Prévention des symptômes gastro-intestinaux reliés aux activités sportives Il existe plusieurs facteurs de risques associés aux manifestations gastro-intestinales, principalement le type d'exercice et la durée de l'expérience. Par exemple, entre 70% et 90% des athlètes d'ultra-endurance participant à un ultra-marathon ont signalé des symptômes gastro-intestinaux graves pendant la compétition. À l'inverse, seulement 11% et 7% des coureurs d'endurance qui ont terminé respectivement un demi-marathon et un marathon ont signalé avoir eu un symptôme gastro-intestinal. Les températures chaudes, les femmes, les repas pendant l'exercice et les antécédents de symptômes gastro-intestinaux récurrents liés à l'exercice étaient également associés à une plus grande incidence et à une plus grande sévérité des symptômes pendant l'exercice. Il existe plusieurs stratégies étudiées pour prévenir ou de réduire la gravité des perturbations gastro-intestinales associées à l'exercice: L'hydratation Il est prouvé que la déshydratation peut exacerber les troubles gastro-intestinaux associés à l'exercice. La déshydratation avant de débuter l'entraînement peut entraver la vidange gastrique et augmenter la nausée par rapport à un exercice de départ dans un état d'hydratation suffisante. Le maintien de l'hydratation, lors d'ultra-marathon, peut être un facteur important pour réduire la perméabilité intestinale. Une attention particulière doit être accordée pour éviter une surhydratation pendant l'exercice, car elle peut entraîner une hyponatrémie (une diminution de sodium dans le sang) et être liée à des symptômes gastro-intestinaux, en particulier la nausée et la régurgitation. La consommation de glucides durant l'exercice La consommation fréquente et constante de glucides pendant l'exercice est une stratégie pour contrer les perturbations gastro-intestinales causées par l'exercice. La présence de glucides dans le tractus digestif augmente le flux sanguin dans celui-ci et permet de réduire les symptômes. La consommation de 15g de glucides avant l'exercice ainsi que toutes les 20 minutes pendant un exercice à 60% de VO2max maintient l'afflux de sang dans le tube digestif et réduit la perméabilité intestinale. De telles quantités de glucides (45 g/heure) semblent bien tolérées. Cependant, des taux plus élevés (jusqu'à 90 g/heure) d'apport en glucides sont corrélés à davantage de troubles gastro-intestinaux. À l'inverse, 15 g d'hydrolat de protéines de lactosérum administré avant l'exercice et toutes les 20 minutes durant l'exercice ne semblait pas compromettre l'intégrité de la barrière gastro-intestinale, mais les symptômes digestifs étaient beaucoup plus élevés, suggérant des difficultés à tolérer les protéines pendant l'exercice. Recommandations alimentaires avant l'exercice Il y a eu récemment une croissance exponentielle du nombre d'athlètes sans la présence de la maladie coeliaque (allergie au gluten) adhérer à un régime sans gluten. Ce régime pourrait réduire les symptômes gastro-intestinaux et améliorer la performance durant l'effort. Les résultats perçus devraient être appuyés par des études contrôles à double aveugle afin de pouvoir émettre des données probantes. Il est possible que la réduction des aliments riches en FODMAP (une famille de glucides pouvant occasionner des symptômes digestifs) qui accompagne généralement un régime sans gluten soit une stratégie efficace pour gérer les symptômes gastro-intestinaux reliés à l'exercice. Une étude de cas récente a révélé qu'un régime à faible teneur en FODMAP (réduction de la teneur en FODMAP de 81g à 7 g/jour) a supprimé les symptômes gastro-intestinaux pendant les périodes d'exercice et de repos chez un athlète ayant des troubles gastro-intestinaux. Parmi les FODMAP on retrouve le fructose et le lactose, deux sucres que les bactéries intestinales fermentent davantage que d'autres types de glucides. Il est possible de réduire, voir éliminer les produits laitiers qui contiennent du lactose quelques heures avant l'exercice. Les laits végétaux comme le lait de soya, d'amandes, de cajou, de coco etc sont de bonnes alternatives. La diète faible en FODMAP retire une partie importante de fibres que l'on retrouve dans les légumes et les fruits notamment. Ces fibres ne se digèrent pas et nourrissent les bactéries intestinales qui les fermentent. Avant une compétition, il peut être conseillé de consommer des aliments pauvres en fibres 24 à 48h avant, en consommant du riz, viande, poisson, pâtes blanches et pain blanc par exemple. À l'inverse, les aliments riches en fibres comme les légumineuses, la plupart des fruits et légumes et les céréales à grains entiers devraient être évités. Cependant, certains légumes et fruits ne comportent que très peu de fibres, et peuvent donc être consommés avant la compétition. Par exemple la salade, le concombre et le kiwi. Pour un tableau du classement des aliments faibles et riches en FODMAP vous pouvez cliquer ici. La prise d'anti-inflammatoires et le curcuma Les anti-inflammatoires peuvent irriter l'intestin et avoir une incidence sur les sécrétions gastriques de l'estomac, la libération de bicarbonate dans le duodénum et l'érosion de la muqueuse le long du tractus gastro-intestinal. L'utilisation d'anti-inflammatoires a été reliée à des symptômes incluant la nausée, la régurgitation, la dyspepsie, les ulcères gastro-intestinaux, les saignements gastro-intestinaux et la défécation anormale (ex: la diarrhée). Il serait donc judicieux d'éviter ces médicaments avant un entraînement ou une performance sportive. Pour réduire les douleurs de type inflammatoire, la prise d'un supplément de curcuma pourrait être bénéfique et accélérer la récupération musculaire après l'activité sportive. Pour en savoir davantage sur les bienfaits du curcuma et les différentes formes disponibles, cliquez ici. La prise de suppléments pour réduire les symptômes gastro-intesinaux Certains suppléments (anti-oxydants, glutamine, L-arginine et L-citrulline) pourraient prévenir et atténuer les différents symptômes gastro-intestinaux reliés à l'exercice. La période de reperfusion des tissus en oxygène après l'exercice entraîne une arrivée massive de radicaux libres, dont les conséquences pourraient être diminuées par la supplémentation en anti-oxydant. La baisse de la présence de sang aux intestins pourrait être réduite par la L-citrulline et la L-arginine, des acides aminés précurseurs de la production d'oxyde nitrique. L'oxyde nitrique est un vasodilatateur puissant qui permet d'améliorer le flux sanguin intestinal. La glutamine pourrait réduire la perméabilité intestinale, protéger les cellules intestinales et favoriser la réparation des villosités endommagées par l'exercice. Le collagène, la gélatine et le bouillon d'os pourraient réduire l'inflammation intestinale ainsi que la perméabilité intestinale. Conclusion L'activité sportive entraîne de nombreux changements physiologiques au sein du tractus digestif. Ils sont associés à une réduction du flux sanguin, à des lésions du tissu épithélial, un dysfonctionnement de la barrière intestinale, une diminution de l'absorption des nutriments, une motilité gastrique et intestinale altérée et de l'inflammation systémique. Ces changements s'amplifient en fonction de l'intensité et la durée de l'exercice ainsi que des conditions ambiantes chaudes. Les symptômes gastro-intestinaux peuvent être aigus ou chroniques, légers ou sévères, selon chaque sportif. Sur une base individuelle, il existe des stratégies de prévention et de gestion des symptômes. Une hydratation adéquate avant et pendant l'exercice, la consommation régulière de glucides tout au long de l'effort, l'adoption d'un régime faible en FODMAP et l'éviction d'anti-inflammatoires peuvent être des outils efficaces pour atténuer diverses composantes des symptômes gastro-intestinaux reliés à l'exercice. La prise de suppléments comme le curcuma, la glutamine, la L-arginine, la L-citrulline et certains anti-oxydants peuvent également réduire les symptômes gastro-intestinaux reliés à l'exercice et les dommages physiologiques causés à l'intestin. Référence
R.J.S. Costa, R.M.J. Snipe, C.M. Kitic, P.R. Gibson. Systematic review: exercise-induced gastrointestinal syndrome—implications for health and intestinal disease. Alimentary Pharmacology and Therapeutics. June 2017.
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Fanny Vandenhende N.D.Articles concernant la santé générale, principalement la santé digestive. Archives
September 2020
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