Infections urinaires et vaginites : conséquences directes d'un déséquilibre de la flore vaginale8/22/2018 Présentation des vaginites Au cours de leur vie, trois femmes sur quatre souffriront d'infection vaginale, et jusqu'à 20% d'entre elles auront des récurrences. On distingue deux grands types de vaginite: la mycose (appelée aussi candidose) et la vaginose bactérienne. La mycose est liée à une prolifération de la levure Candida, qui se décline en plusieurs espèces dont albicans, responsable de la majorité des mycoses. La vaginose bactérienne est caractérisée par la perte de lactobacilles (les micro-organismes majoritaires de la flore vaginale saine) et la prolifération de différentes bactéries comme Gardnerella vaginalis, Prevotella... Les principaux symptômes d'une vaginite sont: - des pertes vaginales anormales pouvant être blanchâtres, liquides, grumeleuses, odorantes etc - de l'irritation, des rougeurs et des démangeaisons à région vulvaire et vaginale - une odeur caractéristique - de l'enflure et des douleurs dans la région du vagin - des douleurs en urinant - des douleurs durant les relations sexuelles Présentation des infections urinaires Les infections urinaires touchent de nombreuses femmes. En effet au Québec, près de 50% des femmes vont contracter une infection urinaire au moins une fois au cours de leur vie. (1) Les infections urinaires sont liées à la colonisation de germes venus de l'intestin qui remontent de l'anus à l'urètre (le conduit entre la vessie et la sortie) et prolifèrent dans la vessie. Le germe le plus fréquent est Escherichia Coli, responsable de 75% des infections urinaires. Parmi les principaux symptômes d'une infection urinaire on retrouve: - la difficulté à uriner (dysurie) - une fréquence anormalement élevée de mictions peu abondantes (pollakiurie) - la sensation de brûlure et la douleur à la miction - la présence de sang dans les urines (hématurie) - une douleur dans le bas du ventre - l’urine trouble ou malodorante Présentation de la flore vaginale La flore vaginale est colonisée à 85-90% par le genre bactérien Lactobacillus. Leur rôle est notamment d'acidifier le milieu vaginal et de prévenir la croissance de micro-organismes pathogènes. Il existe plusieurs familles de Lactobacillus qui occupent le milieu vaginal. En majorité (chez 48% des femmes) on retrouve une flore vaginale dominée par les Lactobacillus crispatus, suivi des Lactobacillus gasseri (chez 23.5% des femmes), des Lactobacillus iners (représentant une flore légèrement déséquilibrée) sont présent chez 20% des femmes. On retrouve en petites quantités les Lactobacillus plantarum et rhamnosus entre autre. On retrouve également d'autres micro-organismes, présents à l'état normal dans le vagin, dont le genre Candida (levure). Cette levure est en état de dormance lorsqu'elle est présente en petites quantités dans la flore vaginale saine d'une femme. Dès lors qu'il existe des conditions favorables, elle se multiplie et peut devenir agressive. Elle entraîne alors souvent des mycoses. Qu'est-ce qui peut entraîner un déséquilibre de la flore vaginale? Il existe des causes physiologiques, survenant au cours de la vie d'une femme, qui peuvent entraîner un déséquilibre de la flore vaginale. - Pendant les menstruations, le sang devient plus alcalin et les bactéries protectrices (lactobacillus) de la flore vaginale diminuent. Cela laisse l'opportunité aux bactéries pathogènes et aux levures de se multiplier. Il est fréquent chez certaines femmes d'avoir des mycoses vaginales chroniques durant la période des menstruations. Les lactobacillus se mettent à proliférer à nouveau après la période menstruelle car la synthèse d'oestrogènes est relancée par les ovaires, ce qui augmentent le glycogène au niveau de la muqueuse vaginale et nourrit les lactobacillus. Celles-ci réacidifient le milieu, le rendant moins propice aux micro-organismes pathogènes. -Durant la grossesse, les taux hormonaux augmentent et les lactobacillus également, ce qui assurent une bonne protection contre les germes chez la femme enceinte. Cependant les oestrogènes sont si élevés qu'ils synthétisent beaucoup de glycogène, le carburant hautement nutritif pour les bactéries, mais également pour le Candida, qui se nourrit de ce surplus. C'est pourquoi les femmes enceintes sont plus à risque de contracter des mycoses vaginales. - Durant le post-partum et la ménopause, la chute des hormones (dont les oestrogènes) entraîne une production réduite de glycogène, encore une fois, la source principale de nourriture pour les bactéries bénéfiques, leur permettant de s'implanter et proliférer. Les lactobacillus deviennent alors moins nombreux, ce qui entraîne le risque de mycose et de vaginose bactérienne. - L'hygiène intime excessive. Un nettoyage trop fréquent du vagin incluant des produits d'hygiène chimiques peut déséquilibrer le microbiote vaginal. Le vagin est enduit d'un mucus protecteur, sur lequel prolifèrent les bactéries. En utilisant les douches vaginales, l'eau détruit le mucus et élimine de cette façon les bactéries bénéfiques. De plus l'eau peut changer le pH de la flore vaginale compris entre 3.5 et 4.5. Ce pH est pourtant essentiel à la survie des bonnes bactéries et représente aussi un milieu hostile pour les pathogènes, les empêchant ainsi de proliférer. Les savons altèrent également le pH vaginal et vulvaire et éliminent la couche protectrice de mucus. Échelle du Ph vaginal: image: probaclac.com - Un déséquilibre de la flore intestinale: les bactéries occupant la flore intestinale circulent facilement vers la flore vaginale. Ils voyagent du rectum au vagin de façon permanente. La façon de s'essuyer de l'arrière vers l'avant au toilette fait aussi en sorte de faciliter le voyage des bactéries intestinales vers la vulve et le vagin. Si la flore intestinale contient beaucoup de micro-organismes pathogènes (dont le Candida), la flore vaginale peut vite être contaminée par ceux-ci, surtout si elle n'a pas suffisamment de bonnes bactéries (Lactobacillus) pour se défendre contre l'envahissement. D'ailleurs certains facteurs intestinaux prédisposent aux cystites comme la constipation et les maladies chroniques de l'intestin. L'échec fréquent des traitements classiques La majorité des infections urinaires et vaginales se traitent généralement avec des antibiotiques, lorsqu'elles sont causées par des bactéries, ou avec des antifongiques, quand l'infection est provoquée par des levures. Ces traitements sont efficaces momentanément pour éliminer les symptômes ressentis, mais ne le sont pas pour empêcher l'apparition d'une autre infection urinaire, vaginose bactérienne ou candidose. En fait, ils peuvent marquer le début d'un véritable cercle vicieux où se manifeste une série d'infections génitales, traitées à coup d'antibiotiques ou d'antifongiques, sans répit. Pourquoi ce cercle vicieux s'installe-t'il? Il faut comprendre la physiologie du corps pour comprendre pourquoi s'installent les infections génitales citées. Comme nous l'avons expliqué, il y a une cause microbienne et/ou hormonale très fréquente. Pour éviter ces infections et pour soulager les symptômes, il s'agit de prendre soin du microbiote vaginale et intestinale. Une hygiène intime naturelle La toilette intime doit concerner uniquement la vulve et non la partie interne. En effet, le vagin n'a pas besoin de nettoyage car il a cette capacité constante assurée par le mucus vaginal. Celui-ci sert à éliminer les impuretés qui s'écoulent via les sécrétions vaginales. Pour la vulve, il s'agit de la laver à l'eau avec les mains et non avec un gant de toilette qui est un réservoir par excellence de nombreux microbes, des poils pubiens jusqu'à l'anus et au pli des fesses. Ensuite, l'utilisation d'un produit d'hygiène intime, toujours à la main, après le lavage à l'eau est conseillé. Il permet d'éliminer les germes présents, ce qui n'est pas possible avec un lavage simplement à l'eau. Choisissez un produit d'hygiène intime adéquat, celui-ci respecte davantage le pH de la flore intime qu'un nettoyant pour le corps. Il est aussi plus hydratant sous forme liquide que solide (pain de savon). Les probiotiques pour soulager et prévenir les infections urinaires et vaginales Les probiotiques vaginaux peuvent aider à augmenter le nombre de bonnes bactéries et ainsi être utilisé en complément d'un traitement antibiotique en cas de mycose ou de cystite mais également à titre préventif lors d'infections à répétition. Pour favoriser la colonisation du vagin par le genre bactérien Lactobacillus, il convient de prendre ces bactéries sous forme de probiotiques vaginaux, Ce sont des gélules vendues en pharmacie qui contiennent les familles principales de Lactobacillus qui colonisent la flore vaginale. Ces probiotiques sont à insérer dans le vagin et ne sont pas à confondre avec les probiotiques pris par voie orale que l'on prend pour la flore intestinale. Cette dernière est différente de la flore vaginale, elles ont donc chacune besoin de probiotiques spécifiques. Choisir des probiotiques vaginaux contenant des souches bactériennes ayant prouvé leur efficacité sur la flore vaginale: Lactobacillus crispatus, Lactobacillus gasseri, Lactobacillus rhamnosus, Lactobacillus plantarum, Lactobacillus reuteri. On peut les administrer le soir, au coucher, avec une serviette de protection. Il est recommandé de démarrer une formule de probiotique trois jours après un antibiotique pour une durée d'une semaine. Lors d'infections vaginales ou urinaires récurrentes, on peut prendre les probiotiques sur le long terme, à raison d'une semaine par mois pendant au trois à six mois. Pour la vaginose bactérienne et la cystite, il est suggéré de faire le traitement juste après les menstruations, lorsque les bactéries pathogènes sont plus nombreuses. Pour la candidose, il s'agit de prendre les probiotiques la semaine précédant les menstruations. Les probiotiques par voie orale seront utilisés pour favoriser le retour à un équilibre sain entre les micro-organismes de l'intestin. Ils peuvent être utilisés conjointement à des probiotiques vaginaux lors de mycoses ou d'infections urinaires récidivantes associés à des troubles intestinaux. C'est-à-dire des épisodes répétés de constipation et/ou diarrhée, ballonnements ou douleurs abdominales. Références
(1) Infection urinaire chez l'adulte - INESS (Institut national d'excellence en santé et en services) https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/CDM/UsageOptimal/Guides-serieI/INESSS_Rapport_GUO_IU.pdf (2) Vulvovaginite : Dépistage et prise en charge de la trichomonase, de la candidose vulvovaginale et de la vaginose bactérienne. Directive clinique de la SOGC (Société des Obstétriciens et Gynécologues du Canada). (3) Microbiote vaginal, la révolution rose du Dr Jean-Marc Bohbot et Rica Étienne. Hachette livre (Marabout), 2018.
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Fanny Vandenhende N.D.Articles concernant la santé générale, principalement la santé digestive. Archives
September 2020
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